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Derrière le très attendu blockbuster du mois d'août District 9, n'y aurait-il pas un enjeu formel bien plus important qui se trame et qui dans le fond peut reléguer au second plan
cette histoire de réfugiés extra-terrestres en Afrique du Sud ? Freakosophy est sur la brèche...
Il semblerait bien que dans l'univers cinématographique nous soyons comme arrivés à un carrefour où l'évolution que cet univers suit emprunte deux voies opposées: d’une part,
l'hypersophistication visuelle et, d’autre part, ce que l'on pourrait appeler le réalisme brut. Comme archétype de ces deux poussées possibles on pourrait citer pour illustrer le premier
parti SpeedRacer (2008) des frères Wachowski et, pour illustrer le second, le très attendu District 9 (août 2009) de Neill Blomkamp. Ces deux films représentatifs ont leurs
racines dans des films repères: Matrix pour les premiers, qui thématise au sein même de son propre scénario la génération de cette nouvelle réalité, et, pour les autres, le premier
symptôme pourrait bien être la radiodiffusion en 1938 par Orson Welles du roman de H.G. Wells La guerre des mondes dont le principe sera relayé cinématographiquement par des films
comme Cannibal Holocaust (1980) de Ruggero Deodato ou tout simplement le célèbre Projet Blairwitch qui en 1999 réalisa le meilleur rapport coût de la production (25000 $)
/entrées (soi-disant 140 millions de $ en deux mois d'exploitations).
Dans ce contexte, le film de N. Blomkamp produit par P. Jackson arrive donc comme une sorte de jalon et on peut penser à bon droit que la survie de cette nouvelle branche va se jouer d'une certaine façon dans les salles obscures sous le soleil du mois d'août. Un petit retour s'impose pour mettre en valeur un projet qui semble prometteur.
Le réalisateur sud-africain Neil Blomkamp n'est en fait qu'à moitié inconnu du grand public qui a pu déjà admirer ses prouesses dans des spots publicitaires souvent plébiscités comme celui de la Citroën C4 qui jouait aux transformers ou, pour les fans de jeux vidéos, dans les adaptations en courts métrages de l'univers Halo . Mais c'est dans des réalisations plus personnelles que l'on retrouve la griffe de ce qui fera peut-être le succès de District 9: tetra vaal pose les bases de ce cinéma réaliste qui délaisse la sophistication de l'objet pour se concentrer plutôt sur les modalités de réception du sujet/spectateur. Le nerf de ce genre est ici: travailler plutôt le média que le message qu'il porte. Dans ce contexte le succès ne dépend pas de la réussite des effets spéciaux, de leur beauté mais bien plutôt du retrait de l'artifice et de la présentation d'une réalité qui semble à première vue brute et non travaillée.
Le cinéma semble se réactualiser en empruntant les codes de ce qui est sensé nous dire le vrai: le journalisme ou le documentaire. Ainsi la véracité d'une chose ne tient pas au sujet mais
à la manière dont ce sujet est rapporté. En empruntant les codes et les maladresses du documentaire, Le Projet Blairwitch nous fait croire à cette histoire de feu de camp et crée
une tension que tous les films d'horreur n'arrivent pas à injecter même en arrivant au sommet de l'art du maquillage. Il suffit que l'on voit dans une image tremblante quatre bouts de
bois ficelés pour commencer à croire à cette histoire de sorcière qui sur le papier ne vaut pas la corde pour la pendre. Le principe est enfantin: le film n'est rien d'autre (tout comme
Cannibal Holocaust, Rec ou Cloverfield) que la cassette originale d'un reportage - qui tourne mal - fait par trois jeunes cinéastes (vu la qualité de
l'image et des plans on se dit que la sorcière a rendu un fier service à la profession) sur la sorcellerie dans la riante forêt de Black Hill.
District 9 semble reprendre cela et l'amplifier comme le suggère son court métrage matrice Alive in Joburg :
Principe aussi à l'œuvre mais dans une moindre mesure dans ce qui pourrait être aussi le canevas d'un nouveau film: Yellow